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Le sémaglutide aiderait à la prise en charge du diabète de type 1

durée 08h35
15 janvier 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Bien qu'il soit surtout connu pour la prise en charge du diabète de type 2, le sémaglutide pourrait aussi être efficace face au diabète de type 1 lorsqu'il est utilisé en combinaison avec l'insulinothérapie, démontre une étude réalisée au Centre universitaire de santé McGill.

Lors d'un essai randomisé en double aveugle mené au Centre de médecine innovatrice de l'Institut de recherche du CUSM, les participants qui ont eu recours au sémaglutide – qui est évidemment mieux connu sous son nom commercial, Ozempic – parallèlement à l'insulinothérapie automatisée ont pu maintenir des niveaux de glucose sûrs pendant de plus longues périodes.

«Le médicament peut agir en synergie (avec la pompe), un peut aider l'autre», a résumé la première autrice et la coordonnatrice de l'étude, la docteure Melissa-Rosina Pasqua, qui est endocrinologue au CUSM et étudiante au doctorat à L'Institut.

Typiquement, a-t-on expliqué par voie de communiqué, afin de réduire le risque de complications microvasculaires et macrovasculaires, les patients atteints de diabète de type 1 visent à maintenir un taux d'hémoglobine glyquée inférieur à 7 % et à rester dans la fourchette glycémique cible pendant au moins 70 % du temps.

Des études portent toutefois à conclure que près de la moitié des personnes utilisant des pompes à insuline automatiques n'y parviennent pas, d'où la nécessité de dénicher de nouvelles stratégies pour les épauler.

«Dans certaines études, on voit jusqu'à 53 % des patients dont la glycémie n'est pas dans la cible désirée, a dit la docteure Pasqua. Malheureusement, il y a encore des patients qui présentent des hyperglycémies.»

Si la glycémie des patients n'est pas dans la zone cible avec l'insulinothérapie, il n'y a rien qu'on puisse faire de plus, a expliqué la chercheuse. «On manque vraiment d'options et de traitements en ce moment», a-t-elle admis.

L'étude visait donc à vérifier si le sémaglutide peut améliorer la glycémie de ces patients.

Ces patients portent fréquemment un système d'administration automatisée d'insuline, communément appelé pompe à insuline, pour surveiller en permanence leur glycémie et fournir à leur organisme la quantité d'insuline dont il a besoin pour éviter les complications.

Vingt-huit adultes ont participé à cet essai clinique d'une durée de trente-deux semaines. Pendant les 15 premières semaines, la moitié des participants s'est injecté une dose hebdomadaire de sémaglutide, et l'autre moitié, un placebo, tout en continuant leur propre insulinothérapie (22 des 28 participants utilisaient une pompe à insuline au début de l'essai).

La dose de sémaglutide a été progressivement augmentée jusqu'à 1 mg ou la dose maximale tolérée. Les rôles ont éventuellement été inversés, de sorte que les participants qui avaient commencé à prendre du sémaglutide ont pris un placebo, et vice versa, pendant encore 15 semaines.

Dans l'essai clinique, l'utilisation du sémaglutide a permis de réduire les besoins en insuline et d'augmenter la perte de poids.

«On a vu qu'il y avait moins d'hyperglycémies et plus de temps passé dans la zone cible (pour la glycémie), a expliqué la docteure Pasqua. On a aussi vu, avec l'Ozempic, qu'on avait besoin de moins d'insuline pour obtenir ce résultat, comparativement au placebo.»

Ces résultats ont des implications importantes, car la prévalence de l'obésité chez les personnes atteintes de diabète de type 1 augmente et est associée au risque de maladie cardiovasculaire et de complications.

«Il y a beaucoup de patients qui ont un diabète de type 1 qui ont des problèmes à perdre du poids», a rappelé la docteure Pasqua.

D'autant plus, a-t-elle poursuivi, que dans le contexte de cette étude, la plus grande amélioration de la glycémie a été mesurée chez les patients qui ont perdu le plus de poids. «Plus l'indice de masse corporelle était élevé à la base, plus l'amélioration a été importante comparé à ceux qui avaient un IMC normal», a résumé la docteure Pasqua.

Cette étude, a-t-elle ajouté, contribue à la littérature scientifique les données solides qui faisaient défaut pour possiblement réviser les lignes directrices de la prise en charge du diabète de type 1.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal Nature Medicine.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne