Pour protéger la gestion de l'offre au Canada
Les producteurs de lait se préparent à un «combat important»

Par La Presse Canadienne
Le «combat» pour protéger la gestion de l'offre au Canada sera «important», selon les producteurs laitiers, qui exhortent les politiciens à ne pas prendre de décisions «sous la menace».
«Il faut bien faire les choses», a plaidé le président des Producteurs de lait du Québec, Daniel Gobeil, en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.
Il prévient Québec et Ottawa contre le risque d'adopter des mesures inflationnistes qui nuiraient aux producteurs pendant la guerre commerciale avec les États-Unis.
Et il les enjoint de ne faire aucune concession sur la gestion de l'offre dans le cadre de la renégociation de l'accord de libre-échange nord-américain qui s'amorcera prochainement.
M. Gobeil affirme avoir le soutien de la population québécoise.
Selon un sondage Léger qu'il a commandé, 83 % des Québécois veulent que les gouvernements fassent tout en leur pouvoir pour protéger le système de gestion de l'offre au pays.
Depuis 1972, ce système stabilise les prix au Canada et limite les importations, afin de protéger les industries du lait, des œufs et de la volaille de la concurrence internationale.
Selon ses détracteurs, il représente une ingérence gouvernementale indue dans un secteur économique important, une forme de subvention étatique incompatible avec le concept du libre-échange.
Or, selon Léger, 63 % des Québécois auraient une opinion négative d'un gouvernement qui ferait des compromis sur la protection des producteurs laitiers dans le cadre des négociations avec les États-Unis.
Les données ont été récoltées auprès de 1001 adultes québécois, du 21 au 23 février dernier, mais elles viennent d'être rendues publiques. Comme il s'agit d'un sondage web, on ne peut y attribuer de marge d'erreur.
«D'avoir un signal fort de la population, c'est un puissant message, et pour nous, c'est rassurant», a déclaré M. Gobeil, qui croit que les Québécois comprennent la gestion de l'offre et y sont «sensibles».
Jusqu'à présent, le gouvernement du Québec et celui du Canada ont assuré qu'ils allaient protéger la gestion de l'offre, mais le président américain Donald Trump se fait de plus en plus belliqueux.
Les producteurs laitiers se disent d'ailleurs plus inquiets de la bataille imminente sur la gestion de l'offre que de la menace de M. Trump d'imposer dès le 2 avril des droits de douane «réciproques» de 250 % sur le lait.
Presque tous les produits laitiers produits au Canada sont vendus pour la consommation intérieure, ce qui signifie que les droits de douane américains n'affecteraient qu'une petite portion du marché.
Concernant la gestion de l'offre toutefois, M. Gobeil soutient que l'«élastique» a été étiré au maximum. «On est vraiment au point de rupture», dit-il.
Il rappelle qu'en 2018, le Canada avait accepté de permettre aux producteurs laitiers américains d’accéder à environ 3,5 % du marché intérieur.
«Pour nous, (...) ça a été très dommageable. C'est la croissance de deux à trois ans qui a été donnée», s'est désolé le président des Producteurs de lait du Québec.
«Un moment donné, on ne pourra plus, au niveau des gouvernements, dire qu'on protège la gestion de l'offre, tout en concédant des parts de marché», a-t-il prévenu.
Caroline Plante, La Presse Canadienne
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