Immigration aux études
Trudeau évite de se mouiller sur l'idée d'un plafond d'étudiants étrangers
Par La Presse Canadienne
Le premier ministre Justin Trudeau a évité de se mouiller quant à l'idée avancée dans les derniers jours par certains de ses ministres de plafonner le nombre de visas octroyés à des étudiants étrangers afin de s'attaquer à la crise du logement.
«On doit améliorer l'accès au logement pour les citoyens. On a une économie qui fonctionne très bien. On a énormément d'emplois. Il nous manque du monde pour faire ce travail. Il nous manque des endroits pour bien loger de façon sécure ces gens-là», a-t-il dit mercredi dans une réponse alambiquée.
Tout en affirmant qu'il ne «sert à rien de blâmer» un groupe de personnes pour «un problème qui se développe depuis des décennies au Canada», son gouvernement entend régler la crise de façon «collaborative, respectueuse, mais concrète», a-t-il noté au dernier jour de la retraite du cabinet qui se tient à Charlottetown, la capitale de l'Île-du-Prince-Édouard.
Et bien qu'il ait déclaré lundi matin que la «priorité numéro un» de la réunion de trois jours devait être le logement et que des experts qu'il a invités aient présenté la veille les conclusions d'un rapport qu'ils considèrent comme une feuille de route pour le gouvernement fédéral, M. Trudeau n'a évoqué aucune autre solution.
La grogne du gouvernement du Québec s'est fait sentir rapidement après avoir entendu les réflexions des ministres fédéraux sur ce qui a toutes les allures d'un ballon d'essai politique.
«C'est important les étudiants étrangers pour le Québec parce que c'est des étudiants francophones. (...) Puis je dirais que l'immigration francophone passe beaucoup par les étudiants étrangers. Puis, c'est important pour les établissements d'enseignement, ici, au Québec», a renchéri mercredi la ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron.
La ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a d'ailleurs rappelé qu'il s'agissait d'une compétence exclusive du Québec.
«On va prendre nos décisions et on va déterminer le nombre d'étudiants qu'on doit accueillir ou non», a-t-elle soutenu.
À ce sujet, le premier ministre Trudeau indique qu'il travaillera «de façon collaborative et respectueuse avec les différentes juridictions», tout en s'assurant «que les gens puissent avoir des logements abordables qui ont de l’allure».
Interrogé quelques minutes après la conférence de presse de son chef, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a soutenu qu'il ne voit pas de changement dans la position d'Ottawa face à l'immigration et qu'il y a «un quiproquo».
«Moi je pense que non, dans le sens que moi, quand j'entends "immigration", j'entends aussi "pénurie de main-d'œuvre"», a-t-il d'abord déclaré.
Quelques instants plus tard, il s'est mis à expliquer que «quand on fait le choix d'accueillir quelqu'un chez nous, on doit aussi s'assurer que cette personne-là puisse prospérer chez nous», des propos qui ressemblent drôlement au mantra «en prendre moins, mais en prendre soin» du premier ministre du Québec, François Legault, il y a quelques années.
La Presse Canadienne révélait mercredi qu'un nouveau sondage conclut que 40 % des Canadiens pensent que le gouvernement du Canada est responsable de la crise du logement qui sévit au pays.
Depuis des mois, les libéraux ont été la cible des conservateurs à Ottawa sur ce sujet et sur l'augmentation du coût de la vie en général, si bien qu'ils tirent considérablement de l'arrière dans les sondages d'intentions de vote.
– Avec les informations de Patrice Bergeron à Québec
Michel Saba, La Presse Canadienne
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