La faute du réseau
Les agences privées de main-d'oeuvre en santé clouées au pilori
Par La Presse Canadienne
Au premier jour des consultations particulières sur le projet de loi visant à limiter le recours aux services de main-d’œuvre indépendante dans le réseau de la santé et des services sociaux, le représentant des agences privées a été mis au pilori.
«Fléau», «parasite», «avarice», «mal nécessaire», «pratiques presque criminelles», les insultes pleuvaient mardi sur le dos des agences privées de personnel de santé.
En fin de journée, Patrice Lapointe, président de l’Association des entreprises privées de personnel soignant du Québec (EPPSQ) et PDG de l'agence Services Progressifs, a été mitraillé de questions chargées.
«Vous défendez l'indéfendable», a asséné le ministre de la Santé, Christian Dubé, après avoir révélé que l'entreprise de M. Lapointe avait exigé des taux horaires de plus de 80 $ pour des infirmières auxiliaires en Abitibi-Témiscamingue et sur la Côte-Nord.
À titre comparatif, le ministre a rappelé que la convention collective plafonne la rémunération d'une infirmière auxiliaire à 32 $ de l'heure.
Pour sa défense, M. Lapointe a plaidé que divers frais administratifs, primes d'éloignement et «per diem» doivent être pris en compte dans le calcul du taux horaire exigé par une agence.
Il a tout de même admis que certaines agences parmi les membres de son association ont abusé du système et qu'il ne défendrait pas la surfacturation.
Malgré toutes les épithètes dénigrantes qui ont été accolées aux agences au fil de la journée, Patrice Lapointe a tenté de se définir comme un «collaborateur du réseau de la santé». Pourtant, tous les précédents témoins avaient martelé l'importance de se dissocier des agences et même de les éliminer.
La faute du réseau
Pour expliquer les dérapages dans la tarification des agences et l'appauvrissement de leurs services, M. Lapointe a mis la faute sur l'abolition des appels d'offres qualitatifs.
Selon lui, lorsque le réseau de la santé imposait des appels d'offres qualitatifs, les agences étaient forcées de répondre à des exigences de qualité. Si les critères n'étaient pas respectés, on n'ouvrait même pas l'offre de prix.
D'après M. Lapointe, le réseau a cessé cette pratique, ce qui a ouvert la porte aux abus.
Il a déclaré devant les parlementaires que des solutions structurantes étaient bienvenues pour encadrer l'industrie. Il s'est aussi défendu d'être aucunement la cause d'aucun problème de main-d'œuvre.
Alors que les élus estiment que les agences sont des pyromanes dans le réseau de la santé, l'association estime que les agences sont «des pompiers du système».
Pour le porte-parole de Québec solidaire en matière de santé, Vincent Marissal, ces entreprises ont simplement été trop avares.
«Vous aviez une poule aux œufs d'or et vous l'avez tuée», a-t-il résumé.
–
Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.
Ugo Giguère, La Presse Canadienne
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.