Recherches de l'Université Laval
La fumée de cigarette et les rayons UV accéléreraient le vieillissement de la peau
Par La Presse Canadienne
L'effet combiné de la fumée de cigarette et des rayons UV semble accélérer le vieillissement prématuré de la peau, prévient une étude dirigée par une chercheuse de l'Université Laval.
Ce serait l'une des premières fois que des scientifiques s'intéressent à l'impact combiné sur la peau de ces deux facteurs, qui ont souvent été étudiés individuellement.
«On ne pensait pas que ça serait aussi important (comme effet), c'est vraiment significatif, a admis Roxane Pouliot, qui est professeure à la Faculté de médecine de l'Université Laval. On s'en doutait un peu, puisque les rayons UV et la fumée de cigarette sont néfastes de part et d'autre, mais on espérait pouvoir démontrer une synergie.»
L'équipe de Mme Pouliot a utilisé un modèle de peau reconstruit à partir de cellules humaines, mais sans collagène, pour ses travaux.
Ses collègues et elle ont constaté que la fumée de cigarette et les rayons UV exerçaient une synergie néfaste sur le plan structurel et moléculaire de la peau. Ils ont notamment vu que la fumée de cigarette combinée aux rayons UV entraînait une diminution plus rapide des collagènes de types 3 et 4, responsables de l'élasticité de la peau et de son apparence jeune, et un affaissement du derme.
Plus précisément, la première auteure de l'étude, la doctorante Alexe Grenier, a découvert que la combinaison des deux facteurs augmente la quantité d'une enzyme qui dégrade le collagène lorsqu’elle est en trop grande quantité.
Une diminution du précurseur du collagène a également été observée, ce qui pourrait mener à une production réduite de collagène.
«On a regardé l'épaisseur de la peau, a précisé Mme Pouliot. Lorsqu'on voit la peau diminuer en épaisseur au niveau épidermique (...), ça nous indique qu'il se passe quelque chose dans la différenciation cellulaire, donc le renouvellement cutané.»
Maintenant qu'on a documenté les effets néfastes sur la peau, a dit Mme Pouliot, le but ultime de ces travaux serait de trouver des méthodes pour y remédier.
L'équipe entend donc poursuivre ses recherches sur l'effet néfaste de la fumée de cigarette sur la peau. Si elle réussit à identifier les composés les plus nocifs, il pourrait ensuite être possible d'utiliser des composés pour en contrer l'impact; l'utilisation de crèmes ou de produits cosmétiques à cet effet pourrait être particulièrement pertinente pour les jeunes fumeurs, a-t-on expliqué.
Outre la fumée de cigarette, celle émise par la combustion de bois, lors des feux de forêt par exemple, pourrait également être testée. En effet, le laboratoire de Patrick J. Rochette a adapté une technique de capture de la fumée de cigarette qui peut être utilisée pour capter la fumée de combustion de bois.
«Le but, à la base, c'est de mimer l'effet de la pollution, et ce n'est pas facile, a expliqué Mme Pouliot. On travaille en milieu stérile et là on amène des choses de l'extérieur et il ne faut pas non plus tuer toutes les cellules. C'est pour ça qu'on a choisi les (rayons) UVA et la fumée de cigarette; mais tout ce qui entre en contact avec la peau, on voudrait éventuellement pouvoir trouver une formulation, une crème, qui s'appliquerait facilement et qui pourrait bien protéger la peau.»
Une autre suite logique à cette étude, a conclu Mme Pouliot, serait d'essayer de voir si les cellules affectées sont suffisamment débalancées pour mener à un cancer de la peau, ce que les travaux actuels n'avaient pas comme objectif de vérifier.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue Scientific Reports.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
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