L’été sur les bancs d’école
Par Fadwa Lapierre
Depuis maintenant un peu plus de deux semaines, près de 650 jeunes du secondaire de la Commission scolaire des Patriotes ont quitté leur statut de vacancier pour reprendre cartables et crayons, et tenter de réussir les cours qu'ils ont échoués durant la dernière année scolaire.
L'école secondaire Ozias-Leduc accueille les élèves de troisième et de cinquième secondaire, tandis que l'École d'éducation internationale de McMasterville reçoit ceux de deuxième et de quatrième secondaire. Pour être admissible aux cours d'été, il faut avoir obtenu une note entre 50 % et 59 %. Un jeune en deçà de ce pourcentage pourrait être accepté sous recommandation de son école si on juge qu'il peut se reprendre en main.
En majorité des garçons, les élèves inscrits aux cours d'été ont pour beaucoup des difficultés en mathématiques de troisième secondaire. Un grand nombre d'élèves provenant d'écoles privées profitent de ce service afin d'éviter d'être renvoyés de leur établissement en cas d'échec.
Une organisation efficace
L'organisation des cours d'été n'est pas une mince tâche. On doit véritablement bâtir une école fonctionnelle en peu de temps. Il faut d'abord trouver des établissements disponibles pour accueillir les élèves, réserver les locaux, équiper les classes du matériel adéquat, coordonner les hora es, organiser le transport scolaire, engager les professeurs, effectuer les inscriptions et former les classes. Tout doit être fait pour faciliter la réussite des élèves.
Des orienteurs participent aussi aux inscriptions pour bien diriger les élèves en fonction des exigences du ministère de l'Éducation. Jean-Philippe Ayotte-Beaudet, professeur de mathématiques de troisième secondaire, trouve que la contrainte de temps influence son enseignement. « Le grand défi est d'instaurer un climat de classe agréable pour que les élèves se sentent en confiance rapidement », explique-t-il.
Un cours personnalisé
Le dossier de chaque élève est soigneusement examiné par des conseillers pédagogiques, qui évaluent les forces et les lacunes. Les groupes sont composés de 10 à 15 élèves ayant des difficultés similaires. Grâce un enseignement ciblé, l'apprentissage des jeunes est ainsi favorisé. Gabriel Courchesne, étudiant au cours de français de quatrième secondaire, apprécie cette formule. « Dans ma classe d'été, nous sommes 12 au lieu de 30. C'est plus facile pour la professeure d'expliquer les notions et de répondre à nos questions. L'atmosphère est plus intime et ça m'aide à intégrer la matière. » M. Ayotte-Beaudet abonde dans le même sens. « Les petits groupes permettent d'avoir un rapport privilégié avec chacun des élèves et de cibler rapidement leurs difficultés. C'est très stimulant. »
Les parents sont d'ailleurs préoccupés pa cet aspect, comme l'indique la directrice des cours d'été de la Commission scolaire des Patriotes, Jocelyne Bartholini. « Les parents veulent que leur enfant réussisse. Ils se questionnent sur la disponibilité du professeur et la taille des groupes, surtout lorsqu'il s'agit d'une école dont ils ne connaissent pas le fonctionnement. »
Cette formule semble donner de bons résultats. Le taux de réussite dépassait les 80 %en mathématiques, en français et en anglais, l'année dernière. Une belle énergie Les classes se déroulent généralement dans la bonne humeur. « Les cours d'été sont une période fébrile, affirme M. Ayotte-Beaudet.
C'est une belle énergie. On met tout en oeuvre pour que les élèves réussissent. Ils sont motivés, car ils sont conscients du danger qui les guette. C'est un privilège pour eux d'avoir cette dernière chance, donc ils sont assez collaboratifs. »
Jocelyne Bartholini indique vouloir éviter les comportements problématiques. D'ailleurs, les élèves et leurs parents signent une feuille de règlements. « Lors de ma tournée des classes, j'avise les élèves que nous ne sommes pas là pour gérer des problèmes de discipline. Je n'ai généralement pas de complications, car les élèves sont en classe par choix et veulent réussir. »
Gabriel Courchesne préfère être sérieux dans son apprentissage. « J'aime mieux perdre trois semaines de mon été que de perdre une année complète. Il n'y a personne qui fait le clown dans ma classe, parce qu'on est là pour réussir. »
Des sacrifices obligés
Pour 60 heures de cours, il en coûte 300 $ par élève. La dépense peut être importante, surtout lorsque plusieurs jeunes d'une même famille s'inscrivent. Pour certaines familles, il s'agit de leur budget d'activités estivales.
D'autres doivent aussi annuler leurs vacances, car la présence aux cours est obligatoire. Cela occasionne souvent des frais supplémentaires et de la frustration. Gabriel Courchesne n'a pas pu travailler comme il l'aurait souhaité cet été. « Mes cours me font perdre trois semaines de salaire. De plus, j'ai payé moi-même mon inscription. C'est une raison de plus pour me forcer à réussir, car je ne veux pas avoir gaspillé cet argent. »
En général, les élèves sont contents à la fin des classes estivales parce qu'ils ont mieux compris pendant ces trois semaines que durant l'année scolaire. Ils pourront ensuite profiter de leur dernier mois de vacances l'esprit en paix.
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