Un milieu de vie, une possibilité de grandir
Par Chantal David
Une visite complète du Centre de réadaptation permet de voir et de sentir l'atmosphère de cet endroit où de nombreux jeunes résident quelque temps afin d'y améliorer leurs comportements. Plus que cela, ils vont améliorer leur vision de la vie et réapprendre à interagir avec leur entourage de façon plus constructive.
Ils ont entre 14 et 18 ans, les 158 garçons qui évoluent actuellement dans les milieux de vie qu'on retrouve à l'intérieur du Campus Chambly, deuxième plus gros centre du genre au Québec. Ils sont intégrés au sein d'unités ajustées aux besoins de chacun : unités ouvertes de réadaptation pour jeunes dont le développement est compromis, unité pour les jeunes atteints de problèmes de santé mentale tels que trouble d'attachement, paranoïa, narcissisme, anxiété sévère, trouble obsessif-compulsif, etc et unités fermées pour l'encadrement intensif.
Dans cette dernière, les jeunes ne sortent pas de l'unité et vont à l'école à l'intérieur du centre. Benoît Lord, formé en éducation spécialisée et en travail social, est directeur du centre de réadaptation depuis trois ans. Il résume ainsi le but des interventions auprès des résidents; « Les jeunes sont des grands brûlés de la vie. Notre but premier est de rebâtir le lien, car ils sont blindés, ils ne font plus confiance à personne. »
À l'arrivée d'un nouveau résident, les intervenants à l'interne et à l'externe du centre, établissent un plan d'intervention réaliste et concret pour que celui-ci et sa famille vivent des succès. « Certains garçons doivent apprendre à vivre, à entrer en relation avec les autres. Ils ont été laissés à eux-mêmes depuis trop longtemps. »
Les objectifs visent à travailler avec les adolescents de façon à pouvoir les retourner dans leur milieu le plus tôt possible. Cela peut vouloir dire, dans leur famille, dans une famille d'accueil ou un foyer de groupe. Les placements sont de courte durée, soit moins d'un an.
Pour le jeune, l'objectif est de se débarrasser des intervenants du centre au plus vite ! Il devra donc agir en conséquence. Certains resteront dans leur unité jusqu'à la majorité et l'objectif principal deviendra alors « l'autonomie ». Benoît Lord indique que pour ceux-ci il existe un programme spécifique pour les aider à amorcer leur vie d'adulte : « Le Programme qualité jeunesse (PQJ), s'adresse aux 16-21 ans et a pour but de préparer le jeune à son départ du centre, de le supporter pendant sa transition à la vie adulte et de l'accompagner quelques mois après son départ. »
Le participant au programme a donc accès à des appartements supervisés. « Il reçoit également de l'aide de Carrefour jeunesse pour trouver de l'emploi, des services de Virage pour le supporter, s'il a des problèmes de consommation, ainsi que des ressources bénévoles qui peuvent l'aider à obtenir des meubles, par exemple. »
Plusieurs activités
Au centre de réadaptation, le travail des éducateurs est soutenu par des spécialistes en santé mentale, en crise suicidaire, etc. Les agents de sécurité, guidés par les éducateurs, sont, pour leur part, présents pour aider à la contention des jeunes lors de crises.
Des activités sportives ont lieu tous les jours et certains projets permettent aux jeunes de travailler leur gestion de la colère (activité boxe), leurs habiletés sociales (théâtre) et autres possibilités. Le centre de réadaptation a su utiliser les forces et compétences des jeunes pour les valoriser et leur donner un endroit où s'exprimer. Pour les responsabiliser, un programme de sensibilisation leur permet de comprendre l'impact de leurs actes sur les autres.
Au campus de Chambly, on retrouve des milieux de vie qui redonnent aux jeunes la place qu'il leur revient dans un encadrement équilibré où ils apprennent à vivre en société et à se développer. Moins de 20% de jeunes récidiveront et plus de 80% pourront vivre de façon autonome et se réapproprier leur vie.
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