Une pratique et une mentalité qui ont évolué
Le glanage pour lutter contre l'insécurité alimentaire des Canadiens
Par La Presse Canadienne
Face à une demande en constante croissance, les banques alimentaires du pays n’ont pas le choix de se tourner de plus en plus vers le glanage pour s’approvisionner.
« Il peut y avoir quelques imperfections, mais on peut simplement les éliminer. C'est toujours bon », explique Sieg Bressmer, de la Banque alimentaire d'Edmonton, en tenant un paquet de fraises.
Des fraises à moitié prix attendent dans des palettes empilées et des épinards fraîchement glanés dans une ferme reposent dans le réfrigérateur de l'organisme en attendant d'être redistribués.
Tout doit être utilisé ou consommé dans les deux à trois jours qui suivent, explique M. Bressmer, dont le travail consiste à trier chaque semaine des produits récupérés dans plus de 200 épiceries de la ville, dont Loblaws, No Frills, Safeway et Sobeys.
Il forme les gens de la banque alimentaire à examiner les articles, y compris les produits de boulangerie et les produits frais, pour voir ce qui convient à la consommation humaine. Ils vérifient la présence de moisissures, d'imperfections ou de décoloration. La nourriture qui n'est plus bonne va aux animaux.
Une pratique et une mentalité qui ont évolué
En avance sur son temps, la banque alimentaire d'Edmonton, autrefois connue sous le nom de Gleaners Association, est devenue la première organisation de sauvetage alimentaire au Canada en 1981.
Gerard Kennedy, l'un des premiers bénévoles du groupe et plus tard son premier directeur général, relate qu’en 1985, le groupe tirait plus de 70 % de son approvisionnement de l'industrie alimentaire, y compris des détaillants, des agriculteurs et des fabricants.
Depuis, d’autres banques alimentaires lui ont emboîté le pas.
Le seul inconvénient de ces aliments récupérés est que les organisations n’en contrôlent pas la quantité et n’ont pas le choix des articles qu’ils pourront ensuite offrir à leur clientèle, explique Maggie Borowiec de Moisson Montréal.
«Ce sont des aliments que (les fabricants) aimeraient vendre, mais qu’ils n'ont pas pu, dit-elle. C'est un surplus de nourriture et leurs options sont de le jeter ou de le donner.»
Chez Moisson Montréal, 49% de la nourriture offerte l'année dernière a été récupérée dans la chaîne d'approvisionnement. Environ 17 % étaient des restes d'épiceries.
« Nous avons de la chance à Montréal qu'il y ait beaucoup d'entreprises de fabrication d'aliments, comme une entreprise de production de viande qui donne son surplus de charcuterie », souligne Mme Borowiec.
Pour prolonger la durée de conservation des produits récupérés, Moisson Montréal utilise également une solution antimicrobienne appelée Chinook 110.
M. Kennedy se souvient qu'au départ, les gens d'Edmonton ne voulaient pas d'une banque alimentaire. À l'époque, dit-il, les gens étaient contre l'idée de donner de la nourriture gratuite au lieu de gagner leur vie.
Quarante ans plus tard, poursuit-il, le rôle d'une banque alimentaire a changé et se concentre davantage sur la collecte de surplus de nourriture pour répondre aux besoins plus importants des personnes qui visitent plus fréquemment les banques alimentaires.
Marjorie Bencz, l'actuelle directrice générale de la banque alimentaire d'Edmonton, affirme qu'environ «60 % de la nourriture qui entre par nos portes est glanée». L'année dernière, plus de trois millions de kilogrammes de nourriture ont été glanés à Edmonton.
Du gaspillage malgré tout
Loblaw, le plus grand détaillant en alimentation au Canada, indique sur son site Web qu'il a donné plus de 6,8 millions de kilogrammes de nourriture à des agences partenaires, dont Second Harvest, l'année dernière.
L’épicier s'est fixé pour objectif de ne plus envoyer d’aliments au dépotoir d'ici 2030.
Malgré tous les efforts déployés pour sauver et glaner de la nourriture, Graham Hill, directeur des revenus de Second Harvest, calcule que plus de 60 % de tous les aliments produits au Canada sont perdus et gaspillés chaque année, même si la plupart avaient été comestibles.
«Les gens ont une idée fausse du rôle des dates de péremption, croit M. Bressmer, qui est également chef. Elles sont les dates de fabrication pour mesurer la saveur optimale des aliments.»
L’année dernière, Second Harvest a sauvé l'une de ses plus grandes quantités de nourriture l'année dernière — plus de 24 millions de kilogrammes.
«Les gens sont de plus en plus soucieux de l'environnement quant aux impacts de la perte et du gaspillage de nourriture», explique M. Hill, qui constate toutefois que beaucoup de nourriture est encore perdue dans un pays riche où les gens sont aux prises avec l'insécurité alimentaire.
«Je ne dis pas que la nourriture récupérée est la réponse à l'insécurité alimentaire. Mais même si nous avons des surplus de nourriture dans le système, il est de notre devoir de pouvoir offrir autant de surplus de nourriture aux Canadiens (que possible).»
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Cette histoire a été produite avec l'aide financière du Meta et de la Bourse de la Presse Canadienne pour les nouvelles
Ritika Dubey, La Presse Canadienne
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