De Mozart à Mötorhead
La musique réduit l'intensité de la douleur, dit une nouvelle étude
Par La Presse Canadienne
Les participants à une étude réalisée par des chercheurs montréalais ont rapporté un soulagement important de la douleur quand on leur permettait d'écouter leur musique préférée.
Le soulagement de la douleur était plus significatif lorsque le sujet écoutait sa musique préférée (de Mozart à Mötorhead) que lorsqu'il écoutait une musique relaxante avec laquelle il n'était pas familier ou encore une mélodie un peu cacophonique composée pour l'étude.
«On a tout simplement demandé aux participants à l'étude de venir (en laboratoire) avec des extraits de leur musique préférée», a expliqué l'auteur de l'étude, le professeur Mathieu Roy du département de psychologie de l'Université McGill.
«On a pu constater que la musique préférée était plus efficace (pour réduire la douleur) que la musique relaxante. Ce n'est pas étonnant en soi, mais c'était la première fois qu'on pouvait le démontrer.»
La douleur infligée aux participants dans le cadre de cette étude était comparable à celle d'une tasse de café ou de thé un peu trop chaude qu'on tient entre les mains pendant quelques secondes avant de la déposer.
Au-delà du genre musical préféré par les participants, il semblerait que les émotions suscitées par la musique ne soient pas toutes égales quand vient le temps de contrer la douleur.
Les chercheurs ont ainsi constaté que la musique qui suscite davantage de sentiments de nostalgie, de sentiments de tristesse heureuse («bittersweet», en anglais) ou de «frissons» semblait plus efficace pour réduire l'intensité de la douleur que la musique jugée énergisante, relaxante ou joyeuse par les participants.
«On a demandé aux participants de nous dire s'ils ressentaient des frissons à l'écoute de leur musique, a dit le professeur Roy. Il y a certaines personnes qui vont ressentir ce genre de frissons qui descendent le long du dos. Il y avait plus de frissons pour ce type de musique là, et les frissons étaient associés à une plus grande analgésie.»
La science ne comprend pas exactement ce que sont les «frissons musicaux», mais d'autres études (menées notamment aussi à McGill) ont démontré que la musique semble activer les circuits de la récompense du cerveau. Ces frissons correspondraient donc à un processus neurophysiologique qui bloque efficacement les signaux douloureux.
Le professeur Roy et ses collègues mènent actuellement une nouvelle étude pour mieux comprendre pourquoi et comment la musique bloque la douleur. Ils utiliseront ainsi l'imagerie médicale pour examiner les régions du cerveau responsables de la perception de la douleur.
«On peut dire que la douleur est un phénomène qui est opposé au plaisir, a expliqué M. Roy. Donc peut-être qu'en induisant une sensation de plaisir très intense comme lorsqu'on écoute notre musique préférée, qu'on peut contrebalancer et réduire la douleur.»
Dans l'immédiat, les conclusions de cette étude sont utiles pour tous ceux qui recherchent une solution non pharmacologique au soulagement de la douleur, a-t-il ajouté, comme celle qu'on peut ressentir après une visite chez le dentiste ou au lendemain d'une chirurgie.
Cette étude a été réalisée dans le cadre des études du doctorant Darius Valevicius. Ses conclusions ont été publiées par le journal médical Frontiers in Pain Research.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
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