Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Institut de la statistique du Québec (ISQ)

Environ 10 % des 18-29 ans ont vécu une forme de violence dans une relation amoureuse

durée 09h00
11 juin 2024
ici

commentaires

ici

likes

 

vues

imprimante
email
Par La Presse Canadienne

Environ 10 % des jeunes de 18 à 29 ans qui, en 2021-2022, ont dit avoir été en relation intime, amoureuse ou en contact avec un ex-partenaire dans l'année précédente, ont subi une forme de violence durant cette période, selon de nouvelles données de l'Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Selon les résultats de l'Enquête québécoise sur la violence commise par des partenaires intimes, dévoilés lundi, 6 % de ceux ayant déclaré avoir été en relation l'année précédente ont subi de la violence psychologique, 3,6 % de la violence physique et 5 % de la violence sexuelle.

Les jeunes femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à avoir vécu au moins une forme de violence, à hauteur de 13 % contre 7 %. Elles sont notamment plus nombreuses que les hommes à avoir subi de la violence psychologique (8 % contre 4,5 %) ou sexuelle (8 % contre 2,5 %).

Il ne s'agirait que de «la pointe de l’iceberg», selon la professeure au département de sexologie de l'UQAM Natacha Godbout. «On ne voit pas toute l’ampleur de ce qu’il y a en dessous. Lorsqu’on s’intéresse aux données un peu plus détaillées et si on a des questions un peu plus précises, on va attraper encore plus de violence au sein des relations», soutient-elle.

Sa collègue Alison Paradis, professeure au département de psychologie à l'UQAM, estime également que les résultats de l'enquête sont plus bas que ce à quoi on s'attendrait. «Les items qu’ils ont utilisés sont des items qui sont considérés en général comme des formes plus sévères de violence. C’est une bonne représentation de ce type de violence, mais ça ne couvre pas tous les types de violence qu’on peut retrouver dans les relations amoureuses, ce qui peut expliquer les différences dans les taux qu’on observe», indique-t-elle.

La mesure de la violence utilisée par l'ISQ est basée sur l'outil Composite Abuse Scale (Revised) — Short Form (CASR-SF). Elle contient 16 actes de violence répartis dans les catégories psychologique, physique et sexuelle.

Réponse sociale déterminante

Les conséquences vécues par les jeunes victimes sont similaires à celles vécues par les adultes plus âgées. Mme Godbout, qui est également directrice de l’unité de recherche et d'intervention sur les TRAumas et le CouplE (TRACE), parle de stress post-traumatique, d'une remise en question de soi-même, d'un sentiment internalisé de ne pas valoir la peine d'être traité avec dignité. Il y aura entre autres des entraves au développement identitaire et au développement relationnel, ajoute-t-elle.

Mme Paradis pointe que les jeunes évoluent dans une période où ils sont en train de former leur identité. «C'est sûr que ces expériences vont avoir des conséquences similaires que si on les vit plus tard, mais elles peuvent avoir un impact plus grand à long terme parce qu'on les vit dans une période développementale où on est tellement sensible à ce qu'on est en train de vivre. Les conséquences peuvent être amplifiées», explique-t-elle.

De plus, les jeunes n'ont pas une expérience relationnelle solide, alors ils ne seront souvent pas capables de reconnaître des comportements qui sont inacceptables, soulève Mme Godbout. «La première expérience de violence en bas âge, adolescence ou jeune adulte, a des conséquences déterminantes», affirme-t-elle.

La sexologue souligne l'importance des pairs. Pour les personnes agresseurs, ils vont permettre de «cultiver une remise en question de ses propres comportements».

Si l'entourage apprend tout de suite à la victime que ce qu'elle subit n'est pas acceptable et que de l'autre côté les proches de la personne agresseur expriment que ce qu'elle a fait ce n'est pas bien, «on vient de changer le cours des choses potentiellement».

«Il y a une fenêtre d'opportunité extraordinaire, mais si on l'échappe, on vient de peut-être chroniciser ou exacerber les comportements et les conséquences», explique Mme Godbout.

Les jeunes qui ont vécu de la violence ou qui en ont eu dans leur famille auront tendance à reproduire ces agissements.

Mme Paradis, qui dirige également le Laboratoire d’études sur le bien-être des familles et des couples (LÉFAC) de l'UQAM, nuance toutefois que les taux de violence sont généralement plus élevés dans les populations plus jeunes et ont tendance à diminuer avec l’âge. «Donc il y a quand même un apprentissage qui se fait et ce n’est pas tous les jeunes qui sont violents et qui vont ensuite être violents dans leurs relations de couple adulte», dit-elle.

Les deux expertes ont fait valoir que la prévalence était plus élevée chez certaines populations marginalisées, notamment les jeunes issus de la diversité sexuelle et de genre, les Autochtones, les personnes de communauté culturelle et les personnes ayant un handicap physique.

Ces groupes sont plus à risque de subir différents types de violence à l'intérieur d'une relation, mais aussi de développer des comportements violents. Ils sont aussi plus vulnérables lorsqu'ils dénoncent ce qu'ils subissent. «Ils sont plus à risque de violences, de ne pas les dévoiler et d'en subir les conséquences, sans aide», résume Mme Godbout.

SOS Violence conjugale offre une ligne d'écoute téléphonique gratuite et un service de référence aux maisons d'hébergement accessible 24 heures sur 24 au 1 800 363-9010.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.

RECOMMANDÉS POUR VOUS


«Les Québécois qui ont un médecin de famille vont le garder», assure Christian Dubé

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, met le couvercle sur la marmite: les Québécois en bonne santé vont conserver leur médecin de famille. «Les Québécois qui ont un médecin de famille vont le garder. Nous souhaitons rassurer la population», a écrit le ministre sur le réseau social X jeudi en fin de journée. La semaine dernière, ...

Le taux de mortalité des maladies du cœur et AVC a reculé au Canada

Les maladies du cœur et AVC restent l'une des causes de décès les plus fréquentes au Canada, mais au fil des ans, le sort des patients qui en sont atteints s'est grandement amélioré. Depuis 70 ans, le taux de mortalité a reculé de 75 % grâce aux avancées médicales. Les résultats d'un sondage dévoilés jeudi par Cœur + AVC révèlent que six ...

durée Hier 9h00

Le vaccin contre les VPH gratuit temporairement pour les 21 à 45 ans

Les adultes âgés de 21 à 45 ans qui sont en bonne santé peuvent se faire vacciner gratuitement contre les virus du papillome humain (VPH) pour une période temporaire. Le ministère de la Santé et des Services sociaux en a fait l'annonce mercredi matin, voulant cibler une population qui n'a jamais été vaccinée contre ces virus, dont certains ...