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Environnement

Les macareux montrent des signes d'adaptation au changement climatique

durée 10h36
29 juillet 2024
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Par La Presse Canadienne

Les macareux de l'île Machias Seal ressentent la chaleur. Les scientifiques affirment qu'il existe un lien entre le réchauffement des eaux et les changements dans la taille des oiseaux et de leur bec, ainsi que les fluctuations de la reproduction et de la survie des oisillons.

L'île Machias Seal est un morceau de roche plat et sans arbres situé à environ 19 kilomètres au sud-ouest de l'île Grand Manan, au Nouveau-Brunswick, à l'embouchure de la baie de Fundy. C'est un sanctuaire pour les oiseaux marins, dont environ 8600 couples reproducteurs de macareux.

Heather Major, professeure de biologie marine à l'Université du Nouveau-Brunswick, et son équipe étudient les macareux et d'autres oiseaux de l'île en mettant l'accent sur les impacts du changement climatique.

Des données sur les macareux de l'île Machias Seal sont collectées depuis 1995 et l'une des observations les plus remarquables faites par les scientifiques est que lorsque les oiseaux sont en âge de quitter l'île pour aller en mer, ils sont plus petits qu'avant.

«Nous ne savons pas ce que cela signifie pour leur survie, ou leur probabilité de revenir à l'âge adulte», a expliqué Mme Major dans une entrevue vidéo, la semaine dernière, depuis l'île.

«Et c'est vraiment intéressant parce que c'est l'un des changements que l'on s'attend à voir dans un environnement qui se réchauffe. Une taille corporelle plus petite signifie que vous êtes capable d'évacuer la chaleur plus efficacement.»

Tandis que Mme Major parlait à l'extérieur du centre de recherche, des petits pingouins, des guillemots marmettes, des sternes arctiques et d'autres oiseaux volaient derrière elle, entretenant un flot de gazouillis et de trilles.

Au cours des dix dernières années, a-t-elle expliqué, les scientifiques ont noté que la date d'éclosion des macareux était plus tardive, les poussins émergeant vers la fin juin plutôt que vers la mi-juin. Et les becs distinctifs aux couleurs vives des oiseaux – qu'ils utilisent pour transporter des poissons et éventuellement pour attirer des partenaires – sont de plus en plus grands, a-t-elle ajouté.

La raison de ces becs plus gros n'est pas claire, mais une hypothèse est que les macareux pourraient les utiliser pour se débarrasser de la chaleur corporelle ; plus le bec est grand, plus la chaleur peut être évacuée.

Craintes d'une baisse de la population

En moyenne, a relevé Mme Major, environ 55% des poussins de macareux de l'île survivent et sortent dans l'océan à la fin de l'été. Beaucoup retournent ensuite sur l’île à l’âge adulte pour se reproduire.

Au cours des dix dernières années, les scientifiques ont constaté une tendance inquiétante, car le nombre d’oiseaux qui parviennent à atteindre la mer fluctue énormément.

«Ce qui se passe, c'est que nous avons de très très bonnes années suivies de très très mauvaises années», a soutenu Mme Major. «Nous constatons de très grandes fluctuations que nous ne voyons pas plus tôt dans l'ensemble de données, et cela semble être lié à des événements qui se produisent dans l'océan.»

Les macareux peuvent vivre jusqu'à 30 ans, et une population stable nécessite que chaque couple produise avec succès deux poussins qui survivent jusqu'à l'âge adulte, ce qui équivaut à un poussin toutes les quelques années. Jusqu’à présent, ce seuil est atteint. Mais Heather Major craint que si les fluctuations se poursuivent, la population de macareux puisse commencer à diminuer.

Les baisses du succès reproducteur coïncident avec des années où l'océan était «vraiment» chaud, ce qui entraîne une diminution de la nourriture pour les poussins, a-t-elle résumé.

Des changements liés aux harengs

Les macareux sont classés comme «vulnérables» par l'Union internationale pour la conservation de la nature, ce qui signifie qu'ils courent un risque élevé d'extinction à l'état sauvage.

Andrew Allyn, chercheur à l'Institut de recherche du Golfe du Maine, a déclaré que les eaux de la région se sont réchauffées d'environ 1,6 °C depuis les années 1980, la zone se réchauffant davantage pendant l'été. Il a précisé que la région a connu des vagues de chaleur marines au cours des 10 à 15 dernières années.

«Les vagues de chaleur marines en surface deviennent de plus en plus fréquentes, plus intenses et plus durables, tant à l'échelle mondiale que dans le golfe du Maine», a-t-il ajouté.

Mme Major a mentionné que l'aliment préféré des macareux est le hareng de l'Atlantique, qui est riche en graisse et aide les poussins à grandir suffisamment pour pouvoir quitter l'île. Mais les scientifiques retrouvent moins de hareng dans l’alimentation des poussins et davantage de proies à faible teneur énergétique, comme les calmars et les lançons.

«C'est intéressant parce qu'il se pourrait qu'il y ait du hareng là-bas, mais que pour une raison quelconque, les macareux ne puissent pas le trouver», a-t-elle analysé.

M. Allyn a fait valoir que, tout comme les humains adaptent leur comportement sur terre lorsque les températures montent en flèche – en allumant le climatiseur ou en sautant dans l’eau pour se rafraîchir – les espèces marines peuvent avoir des mécanismes d’adaptation similaires. Par exemple, il a pointé que les harengs pourraient choisir de rechercher temporairement des eaux plus fraîches ou plus profondes, puis limiter leurs mouvements, ce qui pourrait expliquer pourquoi les macareux ne peuvent pas les trouver.

Mme Major et son équipe ont placé des étiquettes de suivi sur les macareux pour voir à quelle distance les oiseaux vont chercher leur nourriture, y compris à quelle profondeur ils doivent plonger. Il est stressant pour les parents de devoir chercher plus loin et plonger plus profondément pour trouver du poisson pour leurs poussins, et rapporter la nourriture contenue dans leur bec aux poussins, a-t-elle indiqué.

«Cela ajoute plus d'énergie que les adultes doivent dépenser, ce qui réduit leur condition physique et peut avoir un impact sur leur survie.»

Hina Alam, La Presse Canadienne

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