Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Faillite de l'entreprise canadienne

Les clients de La Baie d’Hudson se ruent sur les articles rayés

durée 18h00
19 mars 2025
ici

commentaires

ici

likes

 

vues

imprimante
email
Par La Presse Canadienne

Lorsque la ruée a frappé mercredi avant l’heure de pointe du midi au magasin emblématique de La Baie d’Hudson à Toronto, Brian Bursten se considérait comme l’un des chanceux.

En sortant de la boutique historique de Queen Street West, il a saisi un sac contenant un petit trésor: un oreiller rayé La Baie d’Hudson.

Cet achat avait été demandé par son neveu, qui souhaitait garder un souvenir du magasin, qui risque d’être liquidé en raison de difficultés financières.

M. Bursten était stupéfait d’avoir réussi.

«Tout était pratiquement vide, mais j’ai été interpellé par une femme qui, visiblement, savait que je cherchais, a-t-il raconté. Pour faire court, elle avait plein de choses, dont une dont elle ne voulait pas, et c’est comme ça que j’ai fini par acheter celle-ci.»

La ruée vers les marchandises du plus ancien détaillant du Canada survient alors que la marque, dont l’origine remonte à 1670 et à l’époque de la traite des fourrures, s’est placée sous la protection de ses créanciers et a annoncé devoir liquider ses 80 magasins à moins de trouver un prêteur pour un financement substantiel.

Pendant que M. Bursten parlait, des clients cherchaient le moindre produit portant les signes distinctifs de la marque. Alors qu’il semblait y avoir beaucoup de casquettes et de chaussettes, aucune des couvertures tant convoitées — le produit le plus emblématique de La Baie d’Hudson — ne restait en rayon.

Les couvertures à points, ornées uniquement de rayures dorées, étaient initialement échangées par les colons dans les années 1600, mais la version actuelle de La Baie d’Hudson, avec ses couleurs distinctives vert, rouge, jaune et indigo, date de 1779.

De nombreux clients sont repartis les mains vides après avoir demandé au personnel s’il restait des produits, fouillé dans les tiroirs et même sous les lits. Une file de 14 personnes s’est formée à la caisse, plusieurs portant des chaussettes rayées.

Un attachement national

La forte demande n’a pas surpris Grant Packard, professeur agrégé de marketing à l’école de commerce Schulich de l’université York, qui a déjà occupé des postes de haut rang dans le domaine du marketing chez Indigo Books & Music.

L'affinité des Canadiens pour La Baie d'Hudson n'a d'égale que celle de Tim Hortons et est infiniment plus forte que celle qu'ils éprouvent pour les marques qui ont fermé leurs portes, a-t-il expliqué.

«On dirait que c’est bien plus grand qu’Eaton ou Zellers», a-t-il observé. (La Baie d’Hudson a ressuscité cette dernière marque dans son magasin.)

«La Baie est la plus ancienne entreprise canadienne. Elle est présente dans presque toutes les villes et c’était la marque la plus importante dans de nombreuses petites villes. Elle est tout simplement plus grande que nature dans ses magnifiques bâtiments anciens

Apprenant que l’entreprise éprouvait des difficultés financières, il s’est connecté au site web de La Baie pour voir s’il pouvait se procurer une couverture. Comme ses chances étaient minces, il s’est dirigé vers son sous-sol, où il pensait peut-être en avoir une vieille.

Il a eu de la chance.

«J’ai poussé un soupir de soulagement en sachant que je possède encore ce morceau d’histoire canadienne», se souvient-il.

Certains de ceux qui possèdent des articles de La Baie d’Hudson les mettent en ligne. Les couvertures à points en laine se vendent plus de 3500 $ sur eBay, et des articles rayés, moins luxueux, sont proposés à des centaines de dollars.

Une reprise des rayures

Le professeur Packard a dit espérer que les acheteurs ne dépenseraient pas trop pour les ajouter à leur maison, car il pense que la chaîne trouvera probablement preneur pour la marque à rayures.

«Je ne pense pas qu’elle va disparaître complètement», a-t-il avancé.

Aris Zakinthinos ne voulait prendre aucun risque.

Il s’est rendu au magasin de Toronto mercredi parce qu’il «voulait un souvenir» du détaillant, au cas où il fermerait ses portes.

Il a réussi à se procurer une couverture rayée noir, blanc et gris mardi et est revenu mercredi, où il a trouvé un édredon rayé.

Alors qu’il se dirigeait vers la caisse avec l’édredon, il se faisait constamment arrêter par d’autres clients, espérant qu’il changerait d’avis pour qu’ils puissent l’acheter à la place.

«Tous les employés à qui j’ai parlé disent qu’il n’y en a plus, comme s’ils vidaient les entrepôts, a rapporté M. Zakinthinos. Si quelque chose se présente, il faut juste avoir de la chance

À quelques pas de là, Doug English était assis à côté d’une pile d’au moins trois couvertures et un édredon de La Baie d’Hudson, tandis qu’un membre de sa famille s’affairait dans le magasin à la recherche d’autres produits.

L’homme de Chatham, en Ontario, était en ville pour un match de hockey, mais s’est arrêté au magasin pour acheter des souvenirs pour ses proches.

«C’est dommage que tous les grands magasins disparaissent parce que tout le monde achète en ligne maintenant, a-t-il déclaré. Malheureusement, c’est un signe des temps

Tara Deschamps, La Presse Canadienne

commentairesCommentaires

0

Pour partager votre opinion vous devez être connecté.

RECOMMANDÉS POUR VOUS


publié hier à 12h00

Québec veut sévir contre les réservations fantômes dans les restaurants

Le gouvernement Legault veut permettre aux restaurateurs d'imposer des pénalités aux Québécois qui réservent une table et qui n'honorent pas leur engagement. Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, et son collègue délégué à l'Économie, Christopher Skeete, disent vouloir procéder à cet encadrement des «réservations fantômes» pour «éviter ...

publié hier à 9h00

La fin de la «taxe carbone» fera baisser le prix de l'essence, mais pas au Québec

Le retrait de la taxe fédérale sur les combustibles, annoncée par le gouvernement du nouveau premier ministre Mark Carney, devrait entraîner une baisse du prix de l'essence au pays. Mais puisque le Québec n'utilise pas le système fédéral de tarification du carbone, il pourrait ne pas tirer profit de cette diminution des prix à la pompe. Seulement ...

publié le 18 mars 2025

Le gel du recrutement dans le secteur public contesté devant le tribunal

Le gel du recrutement dans le secteur public se retrouve devant le tribunal, mardi, alors que la contestation à ce chapitre de la CSQ commence à être entendue. La Centrale des syndicats du Québec et ses fédérations ont déposé des plaintes pour entraves aux activités syndicales contre Québec. Elles arguent que le gel du recrutement, qui est en ...